09.05.2014 -

Quelle devra être l’étendue du service public SSR à l’avenir?

Question débattue le 25 avril par l'Assemblée des délégués SSR.

«Quelle devra être l'étendue du service public SSR à l'avenir?» Cette question a été débattue le 25 avril à l'Hôtel Bern par l'Assemblée des délégués de la SSR lors du forum, au cours duquel Gilles Marchand, directeur de RTS, et Filippo Leutenegger, conseiller national et futur conseiller communal de Zurich, ont exposé leur points de vue dans un exposé. Yvonne Pesenti Salazar, membre du Conseil régional Corsi, et Beatrice Baselgia, membre du Comité régional SRG.R, ont pris part à la table ronde qui a suivi avec deux autres intervenants. Olivier Dominik, journaliste RTS (19:30), a animé le forum.

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un résumé en vidéo des propos tenus

La SSR entend clarifier sa conception d'un service public moderne car Doris Leuthard, sa ministre de tutelle, a chargé à l'automne 2013 la Commission fédérale des médias (Cofem) de rédiger un rapport sur le mandat de prestations de la SSR. L'impulsion en a été donnée par le postulat de Filippo Leutenegger demandant au Conseil fédéral «d'examiner et de présenter les prestations de service public de la SSR en tenant compte de la position et de la fonction des diffuseurs privés».

Indépendamment de ces travaux, le Conseil national a approuvé à la mi-mars 2014 le remplacement de la redevance de réception par une redevance radio et télévision indépendante de la possession d'un appareil, perçue auprès de l'ensemble des ménages et des entreprises, et ce en dépit d'une proposition de non-entrée en matière qui demandait une définition préalable du service public pour la radio et la télévision. Le rapport de la Cofem devrait être disponible courant 2015. La SSR souhaite se préparer au débat et formuler, dans cette optique, sa propre position, formant un tout cohérent.

Etat des lieux sur les fondements du service public

En guise d'introduction au forum, Gilles Marchand a porté un regard rétrospectif sur l'évolution des médias au cours des 15 dernières années: la multiplication des plateformes de diffusion, l'explosion de l'offre de contenu, la fragmentation des audiences, la convergence des médias, l'arrivée des agrégateurs de contenus, le transfert des investissements publicitaires sur de nouveaux médias, l'avènement du tout gratuit, la consultation des contenus à la carte, l'hypermobilité, la participation du public (User Generated Content, interaction), etc., sont les signes distinctifs du nouveau monde médiatique.

«Cette évolution constitue à la fois un défi et une chance de repenser les modèles, de clarifier la relation avec le public, de réaffirmer les valeurs fortes, de préciser le sens de l'activité médiatique et son rôle dans la société», a expliqué Gilles Marchand (en illustrant son propos par un modèle mettant en évidence les éléments fondamentaux du service public). Ce faisant, il a souligné qu'il exprimait son opinion personnelle dans cet exposé, quand bien même il est membre de la Cofem. Il a ensuite poursuivi qu'il fallait s'interroger sur la place du service public dans cette révolution numérique et sur sa légitimité. Pour lui, la règle d'or du service public est de s'adresser «à tous les publics en proposant un spectre de programmes généralistes», tout en ajoutant que les offres doivent s'adresser au public «là où il se trouve, quand il le souhaite et au rythme qui est le sien.» «Respect des personnes, honnêteté professionnelle et équilibre», telles sont les valeurs centrales du service public, entre autres.

Conflits pertinents sur le plan politique

Le fait que le Conseil national ait approuvé l'assujettissement tous les ménages à la redevance pour financer le service public, sans avoir préalablement défini le contenu de ce dernier, constitue un vote de confiance à l'égard de la SSR, a souligné Filippo Leutenegger lors de son intervention. En définissant la notion de service public, on ne cherche pas à définir l'entreprise SSR en tant que telle, mais son mandat. Celui-ci doit consister à promouvoir la diversité des médias et des opinions et à assurer la desserte de base de la population dans les régions linguistiques, sans pour autant concurrencer les offres commerciales qui fonctionnent. Une restriction s'impose là où des offres médias peuvent être proposées sans qu'il en résulte une distorsion supplémentaire dans le monde des médias qui fonctionne. C'est là que se situent les conflits, selon Filippo Leutenegger. Et de citer sept zones de conflit qui sont, d'après lui, pertinentes sur le plan politique: Internet («la SSR ne doit pas proposer de journaux ni de publicité en ligne»), le degré de détail de l'offre («on peut mieux se concerter dans l'information régionale»), le domaine des droits sportifs, celui des formats de licence (par exemple «The Voice of Switzerland»), les séries américaines, l'éventail de l'offre dans les régions linguistiques et la taille du marché.

Positions des deux plus petites régions linguistiques

Les représentantes des deux plus petites régions linguistiques, Yvonne Pesenti Salazar, membre du Conseil régional Corsi, et Beatrice Baselgia, membre du Comité régional SRG.R, ont exposé leur point de vue et les questions se posant dans leur région culturelle au cours de la table ronde qui a suivi les deux exposés. Pour Yvonne Pesenti, le service public se caractérise par la qualité de l'offre journalistique, les points de repère qu'il donne au public et par son rôle d'instrument de promotion de l'intégration. Elle s'est aussi prononcée en faveur de la diversification de l'offre de programme: «le service public suisse ne doit pas devenir le service public des minorités.»

Beatrice Baselgia a évoqué le rôle central que joue le service public pour le maintien du romanche. La modernisation et la présence sur Internet jouent de ce point de vue aussi un rôle important. Elle a également plaidé en faveur de la diversité des médias, qui garantit la diversité des opinions. Les médias imprimés sont en constante diminution; dans le canton des Grisons, il existe un seul éditeur qui exerce une domination sur l'ensemble des informations. «Le prestataire de service public est tenu de proposer des contenus diversifiés et équilibrés. Les autres acteurs du marché n'ont pas cette obligation et sont soumis à d'autres règles.»

Source: Newsletter Inside SRG SSR du 29 avril 2014, Christa Arnet/SRG.D